Le Secrétaire d’État, John Kerry: Regarder vers l’avenir en s’appuyant sur les réussites de 2015

The Boston Globe – December 29, 2015

Le passage à la nouvelle année accorde aux leaders internationaux l’occasion de s’appuyer sur plusieurs réussites majeures enregistrées en 2015.

Parmi ces réussites, la plus importante est le récent accord mondial atteint à Paris pour éviter les impacts les plus dommageables du changement climatique. Les efforts de négociation antérieurs avaient échoué en raison des divisions opposant les nations industrialisées et celles en développement. En ralliant la Chine (qui est le plus gros émetteur de gaz à effet de serre au monde) à la cause et en mettant l’accent sur l’incroyable potentiel économique des énergies propres, nous avons conclu un accord qui envoie le bon message à tous. À présent, nous avons une responsabilité partagée pour entretenir l’élan généré à Paris, de sorte que les objectifs définis à cette occasion ne soient pas considérés comme un plafond par rapport à ce que nous pouvons accomplir, mais plutôt comme la plateforme sur laquelle s’appuyer pour obtenir encore davantage de résultats.

En juillet, les États-Unis d’Amérique et nos partenaires de négociation avons trouvé un accord avec l’Iran sur le Plan d’action conjoint, un programme visant à bloquer toutes les voies potentielles de l’Iran pour se procurer l’arme nucléaire. Ainsi qu’il s’est engagé à le faire, l’Iran a depuis cette date commencé à démanteler des éléments importants de ses installations nucléaires et, le 28 décembre, a fait sortir du pays une partie significative de son uranium enrichi. Cette expédition représente plus du triple par rapport à notre calendrier précédent de deux à trois mois pour que l’Iran acquière suffisamment d’uranium de qualité militaire pour fabriquer une arme, et constitue un élément important de l’équation technique qui garantit un délai de répit d’au moins une année par jour de mise en œuvre. Nous devons continuer de suivre attentivement l’application de cet accord, afin de nous assurer que le spectre d’un Iran doté de l’arme nucléaire cesse de constituer une menace pour la sécurité du Moyen-Orient et pour la paix mondiale.

En août, j’ai eu le privilège de me rendre à La Havane pour hisser le drapeau des États-Unis au-dessus de notre ambassade pour la première fois depuis 54 ans. La décision osée du Président Obama de normaliser les relations diplomatiques avec Cuba répond aussi bien à nos intérêts nationaux qu’à notre souhait d’aider les ressortissants de ce pays à vivre dans une société plus ouverte et prospère. Ma promenade dans les rues de la vieille ville de La Havane a affirmé ma conviction selon laquelle nous devrions faire en sorte que nos différends avec le régime cubain ne fassent pas obstacle à des rapports plus étroits avec la population de ce pays.

En octobre, après sept années de négociations, les États-Unis d’Amérique ont rejoint onze autres nations du pourtour du Pacifique, en signant et en envoyant au Congrès le Partenariat transpacifique, un accord commercial qui garantira l’application de règles plus strictes en matière de droit du travail et d’environnement dans une région qui représente 40 % de l’économie mondiale. Cet accord contribuera à la prospérité américaine en diminuant les obstacles à nos exportations et en uniformisant les règles du jeu commercial pour nos travailleurs et entrepreneurs.

Il y a un an de cela, certains professionnels de santé du secteur public estimaient que pas moins d’un million de personnes décéderaient avant que l’épidémie de virus Ebola ne puisse être maîtrisée. Pour éviter cela, les États-Unis d’Amérique ont fait équipe avec des partenaires de la communauté internationale, ainsi qu’avec des partenaires locaux solides de l’Afrique occidentale, afin d’éduquer les gens concernant le virus et d’enrayer sa propagation, faisant ainsi la différence entre la mort et la vie pour de centaines de milliers de personnes.

Lors de l’année écoulée nous avons également assisté à des développements positifs importants en matière de démocratie, dans des pays tels que le Nigéria, la Birmanie, le Sri Lanka et le Venezuela. Avec l’aide des États-Unis, la Colombie a fait un nouveau pas en avant vers la fin de la guerre civile la plus longue au monde. Au niveau des Nations Unies, des pays de toute la planète se sont accordés sur un Programme de développement durable à l’horizon 2030, définissant ainsi des objectifs importants en ce qui concerne la nutrition infantile, l’égalité de genre, l’éducation, la pauvreté et la santé.

Entretemps, le conflit en Syrie, la crise des réfugiés qui s’en est suivie et l’extrémisme violent auquel il a contribué, demeurent le défi principal pour nous tous. Sur ce point, la stratégie américaine est triple. Premièrement, nous avons intensifié notre campagne (par le biais de la coalition internationale de 65 pays que nous avons mobilisée) visant la défaite du groupe terroriste connu sous les noms d’ISIS (en anglais) ou Daesh. Cette semaine, les forces irakiennes, avec le soutien de la coalition, ont repris possession de la capitale provinciale de Ramadi, réduisant ainsi davantage la zone contrôlée par les terroristes. Nos efforts ciblent aussi bien les réseaux centraux de Daesh en Syrie et en Irak que l’avortement des tentatives des terroristes d’établir des antennes ou de susciter des attaques ailleurs (et notamment sur le territoire des États-Unis d’Amérique). Deuxièmement, nous travaillons avec nos partenaires pour éviter la propagation de la violence au Moyen-Orient, ainsi que pour prendre en charge les réfugiés et d’autres victimes. Enfin, nous avons lancé une nouvelle initiative diplomatique pour atténuer le conflit en Syrie, encourager une transition politique et isoler les terroristes. Cette initiative a rassemblé, pour la première fois, tous les principaux acteurs internationaux et fixé un calendrier de négociations entre l’opposition responsable et le gouvernement syrien.

Les obstacles à la paix en Syrie demeurent de taille, mais la nécessité d’un règlement est impérieuse, et plus nous avancerons dans notre progression vers cet objectif, plus il s’avérera facile d’organiser un effort réellement durable et unifié contre Daesh (qui constitue la principale incarnation du mal pour notre génération, ainsi qu’un ennemi que nous sommes totalement déterminés à vaincre).

En dépit des turbulences et des tragédies, l’année écoulée a été porteuse d’espoir quant à la capacité de la communauté mondiale à se rassembler pour s’attaquer aux problèmes les plus ardus. Cela est positif car les demandes de leadership sont constantes et, alors que les calendriers se succèdent, nous devons nous préparer (ce que nous ne manquons pas de faire, par ailleurs) pour les nouvelles épreuves qui nous attendent.