Interview du secrétaire d’État Rex Tillerson par Chris Wallace dans l’émission Fox News Sunday

Extraits

LE SECRÉTAIRE D’ÉTAT TILLERSON : N’importe quel tir de missile balistique constitue une violation des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, et nous considérons vraiment qu’il s’agit d’un acte de provocation, une provocation contre les États-Unis et leurs alliés. Nous persistons à vouloir faire comprendre au régime de Kim qu’il existe une autre voie que celle qu’il a choisie. La communauté internationale a été très claire, avec l’adoption unanime, à 15 voix pour et 0 contre, de la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU imposant les sanctions les plus sévères jamais infligées à la Corée du Nord. En même temps des voix s’élèvent dans le monde entier, reprenant à l’unisson notre message, à savoir que personne ne veut d’une péninsule coréenne dotée du nucléaire. Bref, nous sommes tous unis dans notre mission de dénucléarisation de la péninsule coréenne. Nous espérons que nous aurons l’opportunité d’engager le dialogue avec lui pour voir comment on peut atteindre cet objectif.

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Ce type de tir, encore une fois, viole les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, donc c’est – clairement, ils nous envoient eux aussi un message, à savoir qu’ils ne sont pas prêts à abandonner complètement leur position.

Ceci étant dit, nous allons continuer notre campagne de pressions pacifiques, comme je l’ai décrit, en collaborant avec nos alliés, en travaillant avec la Chine aussi, pour voir si nous pouvons amener le régime de Pyongyang à s’asseoir à la table des négociations, toujours dans l’idée d’entamer un dialogue sur un avenir différent pour la péninsule de Corée et en particulier pour la Corée du Nord.

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[concernant l’Afghanistan] Je pense que le président a été clair, Chris : il s’agit d’un revirement complet en termes de stratégie militaire. Nous allons passer d’une stratégie militaire temporaire, dotée d’effectifs plafonnés de manière précise, à une stratégie, comme il l’a indiquée, adaptée aux circonstances, ce qui signifie qu’elle sera dictée par les conditions de terrain, dont nous tiendrons informés les commandants engagés sur le champ de bataille. Il a également délégué une importante autorité au secrétaire [à la Défense] M. Mattis pour déterminer les nouveaux effectifs, et par ailleurs il a pu aussi déléguer aux commandants sur le terrain davantage de prises de décisions, afin qu’ils puissent commencer à faire reculer les talibans. Je pense que nous sommes tous d’accord sur le fait que ces dernières années, les talibans ont gagné du terrain et que les forces afghanes n’ont pas été capables de les repousser. Voilà pourquoi il y a aura une nette transformation des tactiques militaires sur le terrain.

Tout ceci vise à envoyer un message aux talibans: nous n’allons pas nous en aller, nous serons là, nous continuerons à nous battre du côté du gouvernement d’Afghanistan, à soutenir les forces de sécurité afghanes. Et ce qu’il faut, c’est que les talibans s’engagent dans un processus de conciliation avec le gouvernement afghan, dans un processus visant à élaborer un moyen de gouverner le pays à l’avenir.

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Le président a été clair : il n’est pas en train de fixer arbitrairement des échéances, il ne s’est engagé à aucune date-butoir. Par contre, il a dit dans son discours, si vous vous souvenez, il a dit que notre patience avait ses limites, que le temps dont nous disposions n’était pas illimité. (…) Nous allons observer les conditions de terrain, et nos décisions seront prises en fonction de l’évolution sur le terrain.

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Eh bien, Chris, la guerre contre Daech est une question limpide. Le président a clairement annoncé que nous allions vaincre Daech. Nous anéantirons la capacité de Daech à s’organiser, à lever des fonds, à planifier, à recruter de nouveaux combattants dans le but de mener des actes terroristes de par le monde. Dans ce combat, nous avançons à grand pas. Nous sommes sur la bonne voie pour vaincre Daech et nous avons désormais pris possession du siège de leur califat en Iraq. Plus de 70 % du territoire leur a été repris et ils se sont révélés incapables d’en reprendre une seule miette. Près de 2 millions de personnes iraqiennes déplacées sont maintenant retournées chez elles. Quant au combat en Syrie, nous sommes en train de libérer Raqqa, qui était leur capitale autoproclamée. Cette libération se déroule plutôt bien, et nous prévoyons de vaincre Daech aussi bien en Syrie qu’en Iraq. Ensuite il s’agit d’un effort mondial pour garantir que Daech ne renaîtra pas autre part.

Bien sûr, toutes les organisations terroristes n’ont pas tout à fait les mêmes objectifs.  Mais que ce soit Daech, Al-Qaïda, les talibans ou d’autres encore, notre objectif est d’empêcher toute organisation terroriste de clamer tout territoire où elle pourrait s’organiser, lever des fonds, recruter de nouveaux combattants, mettre en place des techniques en vue d’actions terroristes puis les mener à bien. Nous savons bien que si nous les empêchons d’accéder à un espace leur permettant de faire cela, nous protégeons notre propre territoire, nous protégeons les Américains ainsi que nos alliés.

Donc, pour revenir à l’Afghanistan, je rappelle que par le passé l’Afghanistan a été un refuge pour mener certaines des attaques les plus dévastatrices. Comme nous le savons tous, les attaques du 11 septembre ont été planifiées et exécutées depuis l’Afghanistan. Donc nous devons sécuriser l’Afghanistan pour faire en sorte qu’une telle chose ne puisse plus jamais se produire car ces organisations ne pourront plus s’appuyer sur un territoire pour cela.

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Comme je l’ai dit tout à l’heure, le terrorisme se manifeste sous la forme de divers types d’organisation. Le président nous a chargés de mettre en place des politiques et des tactiques, tant sur le plan diplomatique que militaire, pour attaquer le terrorisme sous toutes ses formes, partout où il se trouve dans le monde, partout où il pourrait menacer notre pays ou les Américains, où qu’ils soient. Cela signifie que nous devons concevoir des méthodes qui sont par essence internationales. Tout ce que nous voulons, c’est garantir que les terroristes ne soient pas en mesure de s’organiser et de mener des attaques.

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Je pense que c’est seulement une question de tactique et de savoir comment on atteint ces objectifs. Je pense que le président a été clair dans son discours sur l’Afghanistan : nous ne voulons prendre aucune part à leur reconstruction nationale. Ainsi nous allons modifier nos programmes diplomatiques, aussi bien d’assistance que de développement, afin de nous aligner sur l’opinion du président, à savoir que le gouvernement et le peuple afghans doivent déterminer par eux-mêmes la forme de leur gouvernement et qu’ils doivent parvenir à une forme de réconciliation entre tous les groupes ethniques, y compris les talibans. À eux de décider comment ils peuvent sécuriser leur pays, en faire un pays pacifié, qui ne soutient pas le terrorisme, qui ne fournit aucun refuge aux terroristes et qui ne s’aligne sur aucune organisation terroriste ou pays qui le ferait. Voilà à quoi ressemblerait notre victoire.