Discours de l’Ambassadeur des Etats-Unis

Discours tel que rédigé par S.E. Madame l’Ambassadeur Cynthia H. Akuetteh

À l’inauguration de l’American Corner

AFRAM, Libreville

Bonjour à Toutes et à Tous

(Un grand merci pour cet accueil chaleureux)

C’est un honneur pour moi d’être parmi vous aujourd’hui à l’occasion de l’inauguration du John Lewis American Corner.

Aujourd’hui, le 15 janvier, est une date importante car nous aurions célébré le 86ème anniversaire du Dr. Martin Luther King, Jr.

Les American Corners créent un espace libre d’accès, une fenêtre ouverte sur le mode de vie à l’américaine, la culture, la politique, la législation et les questions d’actualité.

En hébergeant le premier American Corner de Libreville, l’Académie Franco-Américaine de Management (AFRAM) démontre son profond engagement dans l’éducation, la compréhension mutuelle et le partenariat entre les Etats-Unis et le Gabon.

Nous avons décidé de baptiser cet American Corner « John Lewis » en raison de son leadership extraordinaire dans la lutte pour l’égalité et la justice aux États-Unis.

J’ai eu l’honneur de rencontrer le Député Lewis lors de mon récent voyage aux Etats-Unis, et il demeure pour de nombreux Américains ainsi que pour moi, une source d’inspiration.

Comme vous le savez, le Député Lewis était un ami proche et un collaborateur du Dr. King.

Considéré comme l’un des plus anciens membres afro-américains du Congrès, John Lewis a été surnommé «la conscience du Congrès américain».

Inspiré par les paroles du Dr. King, John Lewis rejoint le Mouvement des Droits Civiques aux Etats-Unis, le propulsant rapidement au rang de ses personnalités.

Pendant les années soixante, il organise des sit-in en protestation des comptoirs ségrégés et mène les « Freedom Rides », les « Voyages de la Liberté », en protestation des stations de bus inter-états ségrégés dans le Sud.

En 1963, alors qu’il n’avait que 23 ans, il est reconnu comme l’un des Six Grands Leaders du Mouvement pour les Droits Civiques aux États-Unis.

Il a prononcé un discours aux cotés du Dr. King pendant la célèbre Marche sur Washington pour l’Emploi et la Liberté, en 1963.

Les actions pacifiques du Député Lewis, du Dr. King et de plus de 200.000 manifestants ont à jamais changé les États-Unis.

Par l’échange pacifique et le dialogue constructif, les Etats-Unis ont pu évoluer vers une société plus inclusive.

Ils ont réussi à atteindre leurs objectifs grâce aux écrits du Dr. King dans sa lettre datée de 1963, rédigée depuis la prison de Birmingham et dans laquelle il affirme que « les moyens auxquels nous avons recours doivent être aussi purs que les objectifs que nous poursuivons. »

Le Député Lewis a expliqué cette prise de position ultérieurement, affirmant que « pendant les années soixante, les Afro-Américains auraient pu choisir la voie des armes, mais nous avons volontairement décidé de nous y abstenir.  Nous étions convaincus que par la violence nous ne pourrions jamais obtenir la paix ».

Ces leaders des droits civiques incarnent l’idéologie que la stabilité et la prospérité peuvent être atteintes grâce à un engagement constructif, une vision positive de l’avenir, mais également grâce au respect de la primauté du droit.

En s’accrochant aux « moyens aussi purs que les objectifs », les manifestants ont présenté un genre nouveau de leadership aux États-Unis.

Leurs actions ont permis de changer une nation et ont inspiré le monde entier.

Nous avons choisi les deux citations suivantes du Député Lewis pour orner les murs de ce centre, comme symboles de l’idéologie de leur auteur:

  • We have come a long way in America because of Dr. Martin Luther King, Jr. He led a disciplined, nonviolent revolution under the rule of law, a revolution of values, a revolution of ideas.
  •  I believe in nonviolence as a way of life, as a way of living.

L’héritage du Dr. King et le travail de John Lewis nous rappellent que le progrès humain n’est ni spontané, ni inéluctable.  Il relève davantage d’un processus qui demande un engagement constructif de la part de tous les membres de la société.

Leurs paroles sont toujours valables aujourd’hui pour le Gabon, les États-Unis et le monde entier.

Je sais que le peuple gabonais est fier de son héritage en matière de stabilité dans une région aussi sensible.

Les États-Unis étendent leur amitié aux Gabonais de par l’ensemble des convictions politiques partagées dans notre engagement pour la démocratie et la résolution pacifique des différends politiques.

2016 sera une année riche en évènements et pour cause, nos deux nations se rendrons aux urnes pour les élections présidentielles.

Comme avait écrit l’ancien Secrétaire Général des Nations Unies Kofi Annan en 2013:

« Les fondements de la démocratie reposent sur des élections intègres.  Dans une véritable démocratie, nos dirigeants élus sont tout simplement les gardiens temporaires du pouvoir politique, et ce pouvoir incombe finalement au peuple.

Nous élisons des dirigeants pour agir en notre nom, afin de pouvoir mener nos vies, prendre soin de nos familles, enseigner dans nos écoles, pourvoir nos hôpitaux en personnel et veiller à la bonne marche de nos entreprises.

Au moment des élections, le pouvoir revient au peuple, qui le transmet à son tour à l’élu.

Les élections sont aussi l’opportunité donnée aux citoyens de résoudre le conflit politique par la voie pacifique.

Lorsque les citoyens se rendent aux urnes et ont voté, ils aspirent non seulement aux choix de leurs dirigeants, mais également à la direction à suivre pour leur nation ».

Je demande à tous les acteurs, qu’ils soient politiques, issus de la société civile, des médias ou de la communauté, à s’engager dans l’échange raisonné, le dialogue constructif et l’engagement positif.

A ceux qui gouvernent, il faut diriger avec la transparence définie par le vibrant débat qui a animé Washington en 1963.

A ceux qui voudraient gouverner, il faut proposer une vision positive pour la construction de l’avenir, et non de la destruction du présent.

Aux médias, il faut requérir une responsabilité informative, et une présentation factuelle, dépourvue de partialité et de préjugés.

Quant à vous, il faut vous engager à une participation démocratique assidue et active.

Aujourd’hui, jour anniversaire de la naissance de Martin Luther King Jr., alors que nous célébrons l’inauguration du nouvel American Corner John Lewis, il convient de rappeler les paroles du Président Barack Obama:

« Peu importe où il prend forme, le gouvernement du peuple, par le peuple, fixe un seul standard valable pour quiconque détient le pouvoir ; il faut conserver le pouvoir de manière consensuelle; il faut respecter les droits des minorités et participer dans un esprit de tolérance et de compromis; il faut mettre les intérêts du peuple et le déroulement légitime du processus politique avant ceux de son parti. »

Avant de terminer, je voudrais rendre hommage aux organisateurs, parce que cette cérémonie ne pouvait pas avoir lieu sans les efforts et le dévouement de tous.

Je voudrais profiter de cette opportunité pour remercier certains d’entre eux pour leur implication, sans oublier les nombreux autres qui se trouvent derrière la scène.

M. le PDG Massala et l’ensemble du conseil d’administration de l’Université AFRAM : nous vous remercions de votre partenariat d’hébergement du nouvel John Lewis American Corner.

Egalement, je tiens à remercier Angèle Traoret, boursière YALI, revenue récemment, et dont le travail a pu permettre la conception de cet espace magnifique, et bien sûr, l’équipe de l’Ambassade, qui a travaillé pour la concrétisation du John Lewis American Corner.

Je vous remercie d’avoir effectué le déplacement aujourd’hui et vous souhaitent mes Meilleurs Vœux pour l’Année 2016.

Sur ce, je déclare ouvert au public le John Lewis American Corner de Libreville.